Invisible, inodore et radioactif, le radon présenté dans l’État des risques et pollutions (ERP) s’infiltre discrètement dans nos habitations et lieux de travail, exposant les occupants à un risque majeur de cancer du poumon. À l’origine de cette menace : la désintégration naturelle de l’uranium et du thorium dans le sol, qui libère un gaz difficile à détecter sans équipements adaptés. Comment identifier efficacement les zones à risque, mesurer la concentration de radon et mettre en œuvre des solutions préventives ou correctives ? Pour répondre à ces enjeux de santé publique et de sécurité du bâti, nous définirons d’abord le radon et ses modes de pénétration. Puis, nous analyserons ses effets sanitaires et nous détaillerons la cartographie et le protocole de mesure. Enfin, nous vous présenterons l’interprétation des résultats, les actions de remédiation et le cadre réglementaire en vigueur.
Le radon est un sujet de préoccupation croissante en matière de santé publique et de sécurité des bâtiments. Ce gaz radioactif incolore et inodore, issu de la décomposition naturelle de l'uranium présent dans le sol, peut s'infiltrer dans nos maisons et lieux de travail, posant un risque potentiel pour la santé, en particulier pour les poumons.
Le radon se caractérise par une demi-vie d'environ 3,8 jours, ce qui signifie qu'il se décompose relativement rapidement en d'autres éléments radioactifs. Ce gaz est d'origine naturelle et provient principalement de la désintégration de l'uranium et du thorium présents dans le sol.
Le radon pénètre dans les bâtiments principalement par :
D’ailleurs, les facteurs géologiques, tels que la composition du sol ou la présence de failles, influencent considérablement sa diffusion dans l'environnement bâti. Comprendre les voies d'entrée du radon dans les bâtiments est essentiel pour mettre en œuvre des stratégies de prévention efficaces.
Bon à savoir : les bâtiments situés sur des terrains riches en uranium ou dans des régions géologiques favorisant la circulation du radon, comme les zones granitiques, sont particulièrement vulnérables à ce risque. Les facteurs géologiques jouent un rôle déterminant dans la propagation du radon, nécessitant une attention particulière lors de la construction ou de la rénovation de bâtiments dans ces zones.
Le radon est souvent considéré comme un tueur silencieux en raison de sa capacité à causer des dommages graves aux poumons sans signes précurseurs évidents. Il est crucial de comprendre les implications sanitaires de l'exposition à ce gaz radioactif pour mieux s'en prémunir.
Bien que la peau humaine soit suffisamment épaisse pour ne pas être affectée par le radon, ce n'est pas le cas pour les tissus mous, les bronches et les poumons. L'inhalation de radon et de ses produits de décomposition expose directement ces tissus à des radiations ionisantes, augmentant ainsi le risque de cancer du poumon. Ce risque est proportionnel à la concentration en radon et à la durée d'exposition, rendant les lieux fermés et mal ventilés particulièrement dangereux.
L'association entre le tabac et le radon renforce encore le risque de cancer du poumon. Les fumeurs exposés au radon courent un risque bien plus élevé que les personnes non-fumeurs. Ainsi, le sevrage tabagique devient une mesure préventive essentielle pour réduire les effets combinés de ces deux facteurs de risque.
La cartographie du radon est un outil essentiel pour identifier les zones à risque et mettre en place des mesures de prévention adaptées. En France, le territoire est divisé en trois zones en fonction du potentiel de présence du radon.
Pour évaluer l'exposition au radon et assurer la sécurité des occupants, il est impératif de mesurer la concentration de ce gaz radioactif à l'intérieur des bâtiments. Une méthode rigoureuse et bien planifiée est nécessaire pour obtenir des résultats fiables. Voici 4 conseils à suivre :
Conseil n°1 : Les mesures doivent être réalisées in situ, car c'est le seul moyen de connaître la concentration réelle de radon dans un bâtiment.
Conseil n°2 : Il est conseillé de procéder aux mesures durant les mois les plus froids de l'année, période où les bâtiments sont généralement moins ventilés, favorisant l'accumulation du radon.
Conseil n°3 : Le placement des détecteurs doit se faire dans les pièces occupées quotidiennement, avec un à deux détecteurs par habitation. Ils doivent être posés sur une surface dégagée, à un mètre du sol et à l'écart des sources de perturbation.
Conseil n°4 : Une fois placés, les détecteurs ne doivent pas être déplacés durant la période de mesure, qui doit être d'au moins deux mois pour garantir la fiabilité des résultats.
Les résultats des mesures de radon sont exprimés en Becquerel par mètre cube d'air (Bq/m³), et leur interprétation est essentielle pour déterminer les actions à entreprendre.
Si les résultats se situent sous le seuil de 300 Bq/m³, il est conseillé de maintenir de bonnes pratiques d'aération et d'étanchéité pour prévenir toute augmentation future des niveaux de radon.
En cas de résultats situés entre 300 et 1000 Bq/m³, des actions correctives simples, telles que l'amélioration de la ventilation, peuvent être envisagées.
Enfin, pour des concentrations supérieures à 1000 Bq/m³, des interventions plus techniques sont requises, et il est recommandé de faire appel à un professionnel pour évaluer et remédier à la situation.
La prévention et la remédiation du radon dans les bâtiments nécessitent des actions spécifiques, allant de mesures simples à des interventions plus complexes.
- Améliorer l'étanchéité des bâtiments en colmatant fissures et joints,
- Vérifier l'état de la ventilation
- Rectifier les entrées d'air, améliorer ou rétablir l'aération naturelle
- Assurer une ouverture régulière des fenêtres.
- Mettre en dépression le sol avec un système d'évacuation du radon sous la chape,
- Installer une ventilation mécanique contrôlée double flux,
- Traiter le soubassement du bâtiment pour réduire l'entrée du radon.
En France, le cadre réglementaire entourant le radon fixe des normes et des objectifs pour protéger la population des risques associés à ce gaz. Le Code de la santé publique et le Code du travail fournissent des références essentielles pour encadrer les actions de prévention et de remédiation. Le niveau de référence pour le radon est fixé à 300 Bq/m³.
Le Plan national d’action radon 2020-2024 (PAR4) vise à renforcer la sensibilisation et les actions préventives à l'échelle nationale.
Pour approfondir vos connaissances sur le radon et les mesures à prendre pour le prévenir, plusieurs ressources fiables sont disponibles. Les sites de l'IRSN, de l'ASN et du CEREMA proposent des guides pratiques et des fiches sectorielles couvrant les aspects juridiques, techniques et sanitaires du radon.
Des FAQ et des PAA (questions les plus fréquemment posées) sont également disponibles pour répondre aux préoccupations courantes des propriétaires et des professionnels.
Comprendre le radon, ses dangers et les moyens de s'en protéger est essentiel pour garantir la sécurité et la santé dans nos habitations et lieux de travail. En adoptant des mesures préventives et en restant informé des réglementations en vigueur, il est possible de réduire considérablement les risques associés à ce gaz radioactif. Protéger sa santé et celle des autres passe par des actions concrètes et une vigilance continue face à cette menace invisible.