Depuis plusieurs années, les diagnostiqueurs immobiliers cherchent à se structurer pour mieux défendre leurs intérêts. La multiplication des fédérations et syndicats a longtemps brouillé leur représentativité. C’est l’un des facteurs principaux qui explique pourquoi le dialogue avec les pouvoirs publics est compliqué. La crédibilité des diagnostiqueurs en est fragilisée. Or, le métier de diagnostiqueur immobilier est clairement au cœur d’enjeux cruciaux : sécurisation juridique des transactions, évolution du diagnostic de performance énergétique (DPE), transition écologique, et protection des acquéreurs. Face à ces défis, l’union est devenue une nécessité. Cependant, cet objectif est loin d’être facile à atteindre. Comme nous l’avons vu dans notre article sur l’histoire des grandes organisations des diagnostiqueurs immobiliers, des rapprochements ont été engagés pour simplifier ce panorama des organisations. Même si la création du GPFDI (2024) et la création de l’ADI (2025) signent un début de rapprochement, des divergences subsistent. Dans cet article, nous continuons à explorer les enjeux du métier de diagnostiqueur immobilier et nous proposons une analyse approfondie de ce mouvement d’unification, des réussites aux limites.
Le métier de diagnostiqueur immobilier est un métier assez jeune : il a émergé dans les années 2000, suite à l’apparition rapide de nouvelles obligations de diagnostic immobiliers : amiante, plomb, DPE, Etat des Risques et Pollutions (ERP)… Chacune de ces évolutions a à la fois renforcé l’importance de cette profession pour effectuer des transactions immobilières sécurisées et sereines, tout en la rendant de plus en plus complexe à exercer avec les évolutions légales passées et à venir.
Ce contexte a favorisé la création de plusieurs organisations de diagnostiqueurs immobiliers. Le nombre d’acteurs a démontré rapidement ces limites.
FIDI, CDI, SIDIANE, ONEDI… Cette multitude d’organisations de diagnostiqueurs posent 3 principaux problèmes :
La coexistence de la FIDI, de la CDI, du SIDIANE, de l’ONEDI et d’autres structures a créé une impression de dispersion du métier de diagnostiqueur immobilier. Résultat : une défense des intérêts de la profession affaiblie.
En juin 2024, un rapprochement inédit a lieu : trois structures (la CDI, la FIDI et le SIDIANE) s’associent pour créer le Groupement des Professionnels Fédérés du Diagnostic Immobilier (GPFDI).
Les objectifs affichés de ce regroupement sont clairement identifiés :
C’est un symbole fort : pour la première fois, des organisations parfois concurrentes acceptent de travailler ensemble. Ce groupement est perçu comme un tournant : la profession de diagnostiqueur immobilier prend conscience qu’elle ne peut plus rester morcelée.
A noter que toutes les structures n’ont pas rejoint le mouvement du GPFDI. Pourquoi ?
Moins d’un an après la naissance du groupement GPFDI, en janvier 2025, un pas supplémentaire est franchi avec la fusion entre la CDI et la FIDI, donnant naissance à l’Alliance du Diagnostic Immobilier (ADI).
En fusionnant, ces 2 acteurs voulaient marquer la volonté commune de :
Cette fusion est un message envoyé à la profession. Plus qu’un regroupement, c’est une alliance qui traduit une maturité nouvelle : au-delà des rivalités, l’intérêt collectif prime. Pour les notaires, cette clarification est précieuse : elle symbolise la volonté de garantir des diagnostics plus homogènes et des interlocuteurs plus fiables.
Si ces rapprochements sont positifs, tout n’est pas encore réglé. A ce jour, nous comptons 3 principales divergences identifiées.
Les états d’esprit et les attentes sont assez différentes pour être notifiées.
Ces différences traduisent des visions complémentaires, mais parfois difficiles à harmoniser.
Certains diagnostiqueurs redoutent qu’une union globale ne profite qu’aux grandes structures, au détriment des indépendants. Ces mêmes diagnostiqueurs indépendants sont aussi parfois inquiets que la profession se “bureaucratise” en excès en étant trop éloignée des réalités quotidiennes du terrain.
Si toutes les organisations ne parviennent pas à se rassembler, le risque est de conserver une représentativité à plusieurs vitesses. Cela continuerait à fragiliser la capacité de la profession à peser dans les décisions publiques. Toutefois, certains ne sont pas non plus pour une union avec une voix unique et trouvent intéressant d’avoir des positions différentes qui alimentent le débat avec des partis pris plus forts.
Pour le secteur de l’immobilier, l’unité des diagnostiqueurs immobiliers est une nécessité. Tous les professionnels de l’immobilier sont impactés par ce manque d’unicité. En effet, puisque les diagnostiqueurs immobiliers jouent un rôle de plus en plus important dans les transactions, leur travail influence la qualité et la sécurité des transactions. Quels sont les enjeux exactement ?
Un diagnostic fiable, clair et homogène évite les litiges. Le diagnostiqueur immobilier garantit la conformité des diagnostics immobiliers fournis, dont l’ERP. Il est important de pouvoir faire confiance dans la qualité de ces documents officiels. Il est donc essentiel que les organisations s’unissent pour encadrer au mieux les bonnes pratiques pour réaliser des diagnostics plus fiables.
Un organisme unifié peut plus facilement dialoguer efficacement avec l’État pour :
Une voix unique renforce la valeur ajoutée et la crédibilité du métier de diagnostiqueur immobilier, souvent perçu comme une contrainte. Les notaires, intermédiaires de confiance, mettent à disposition alors des diagnostics mieux compris et mieux acceptés par leurs clients.
Sans avoir la prétention d’avoir une boule de cristal en notre possession, les diverses analyses de professionnels dessinent plusieurs scénarios possibles :
L’ADI pourrait devenir l’organisation centrale, rassemblant progressivement l’ensemble des diagnostiqueurs. Cela donnerait une lisibilité maximale et une grande force de négociation.
Chaque organisation garde son identité (éthique, politique, économique), mais elles s’unissent dans une structure commune comme le GPFDI, surtout pour les débats avec le gouvernement français et les autorités publiques. Cette solution préserve la diversité tout en renforçant le poids collectif lorsque c’est nécessaire.
Si les divergences l’emportent, la profession resterait éclatée afin de préserver avant tout l’identité et l’engagement de chaque organisation et au détriment d’une voix unifiée lors des débats avec les autorités.
Après des années de dispersion, la création du GPFDI puis la naissance de l’Alliance du Diagnostic Immobilier marquent un tournant. Si des divergences subsistent, notamment avec l’ONEDI et sa démarche éthique, la tendance est claire : la profession se rapproche, consciente que seule une voix forte peut défendre efficacement ses intérêts. Pour les notaires et les autres professionnels de l’immobilier, cette évolution est une bonne nouvelle. Elle garantit des diagnostics plus homogènes, plus fiables et mieux reconnus. L’avenir dira si la profession parvient à bâtir une union complète.